Les traditions

Une tradition, c’est comme une balade en forêt.

On trouve des bouts de bois par terre, on en récupère un, et de suite, il acquiert une valeur particulière. Alors on le garde. Et plus on le garde, plus sa valeur grandit, plus on en apprécie les contours, plus il est reconnaissable, plus ce bâton devient le nôtre.

Ce bâton fétiche, c’est une tradition.

Le problème, c’est qu’il existe bien d’autres bouts de bois, plus beaux, plus solides, moins pourris, plus équilibrés, plus originaux ; on les oubliera, trop obnubilé par notre premier morceau.

Des heures durant, on se baladera avec un bâton médiocre.

Tel est le danger d’une tradition : mépriser les pratiques nouvelles, vouloir la préserver même si, parfois, sous tous les aspects, elle est mauvaise.

Regardez comment, même en France, on poignarde des taureaux dans une arène. Comment on englue les oiseaux. Comment on transperce les lèvres des poissons avant de les capturer dans un seau et de les éviscérer. Regardez comment, en Chine, on attrape et on fait bouillir des chiens lors de festivals. Comment, en Espagne, on pend des lévriers qui n’ont pas assez bien chassé. Regardez comment des milliers de cétacés sont massacrés tous les ans aux Îles Féroé. Tout cela au nom d’une tradition.

Les ardents défenseurs des traditions sont comme des gamins qui ne veulent jamais quitter leur bout de bois pourri, parce que c’est le leur, parce qu’ils ont créé toute une histoire autour. Ils ne sont pas des exemples de maturité. 

La maturité, c’est de choisir, parfois à contrecœur, les meilleurs bâtons.

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