Comment reconnaître un bon comportementaliste animalier ?

Le métier de comportementaliste animalier n’est ni réglementé, ni encadré par l’État. Toute personne ayant suivi une formation (plus ou moins qualitative) de quelques jours ou quelques mois, avec ou sans stages pratiques, peut se revendiquer comme tel. Or, un simple conseil inadapté peut affecter sérieusement le bien-être et la qualité de nos relations avec nos compagnons.

Aujourd’hui, seuls deux types de formations garantissent que les connaissances du praticien sont en accord avec la science : suivre un cursus de vétérinaire comportementaliste ou des études universitaires en éthologie (master, thèse, DU). Cependant, il n’existe pas de réglementation sur la profession de vétérinaire comportementaliste, si bien que tous les vétérinaires peuvent se revendiquer comme tel. En revanche, les vétérinaires peuvent suivre des formations complémentaires en éthologie durant leur formation (DE – DIE ou CEAV en médecine du comportement). Leur spécialisation leur permet de combler le manque de connaissances en comportement animal qui leur est souvent reproché. La double casquette des vétérinaires comportementalistes est aussi très utile : des problèmes comportementaux peuvent découler de maladies physiques (les douleurs sont par exemple connues pour engendrer de l’agressivité et de l’anxiété.). Ensuite, la formation longue des personnes diplômées en éthologie (5 ans pour le master et 8 ans pour la thèse) et leurs nombreux stages réalisés, font d’eux les experts du comportement animal. Enfin, les DU sont des formations universitaires courtes. Il existe par exemple un DU sur le comportement du cheval dispensé par l’université de Rennes. 

Soucieux du bien-être de nos animaux de compagnie, les éthologues de la SFECA (société française pour l’étude du comportement animal) ont créé un label qui certifie les bonnes pratiques des comportementalistes. Le label SFECA est à renouveler tous les 4 ans et permet de vérifier si les connaissances théoriques et pratiques du comportementaliste sont en accord avec les savoirs scientifiques actuels en éthologie et respectent le bien-être animal. La SFECA répertorie les comportementalistes labellisés sur son site internet. Ils sont pour l’instant peu nombreux. Si vous êtes comportementaliste, n’hésitez pas à tester vos connaissances en candidatant à ce label.

Les signes des bonnes compétences d’un comportementaliste : 

  • Il a suivi une formation scientifique reconnue (vétérinaire, master et/ou DU d’éthologie) et/ou il est labellisé SFECA.
  • Il met régulièrement à jour ses connaissances en suivant de nouvelles formations, des conférences et webinaires en éthologie. 
  • Il vous demande si vous avez déjà consulté un vétérinaire pour ce problème (une maladie physique pouvant entraîner des troubles comportementaux) et collabore avec les autres professionnels de santé animale.
  • Il aborde les théories de l’apprentissage et utilise l’éducation positive (renforcement des comportements attendus avec de la nourriture, des caresses ou des jeux). 
  • Il cite des études scientifiques récentes.
  • Il n’a pas réponse à tout et admet que la science ne sait pas tout aujourd’hui. 
  • Il est ouvert à la critique et se remet en question au vu des avancées scientifiques. 
  • Il discute longuement avec vous, pose beaucoup de questions et observe l’animal et son environnement avant de vous proposer une solution. 
  • Il ne propose pas des ateliers de travail surpeuplés.  
  • Le professionnel est conseillé par votre vétérinaire de confiance. 

Les signes des mauvaises compétences d’un comportementaliste : 

  • Absence de détails sur sa formation
  • Il a suivi une formation courte (moins d’un an), à distance, sans stages pratiques.
  • La formation suivie est donnée par des personnes sans diplômes reconnus en éthologie (vétérinaires, éthologues).  
  • Il utilise les mots « domination » et « chef de meute » pour décrire la relation humain/animal. Les animaux n’agissent pas de manière agressive pour nous dominer ou pour se venger, ils expriment simplement leur mal-être ! 
  • Il conseille des méthodes punitives et aversives. Ces méthodes n’ont pour seuls effets que d’entraîner des émotions négatives (stress, anxiété et frustration), des comportements agressifs, de la confusion due à de l’incompréhension, ainsi qu’une diminution de la qualité de votre relation. Une étude publiée dans la revue Nature a également montré que les chiens dressés à l’aide de méthodes coercitives sont plus pessimistes que ceux entraînés avec des récompenses. 
  • Il parle de votre animal de compagnie comme s’il parlait d’un humain (anthropomorphisme). Il explique par exemple que l’animal agit par jalousie, méchanceté, pour chercher à vous énerver, à vous tester, ou car il se sent coupable. Bien que les autres animaux puissent avoir des raisonnements et émotions très complexes, les termes précédemment cités sont souvent utilisés à mauvais escient et cachent une réalité bien plus complexe (par exemple : explications scientifiques du regard coupable chez le chien).
  • Il vous conseille de faire appel à des pseudos sciences (soins énergétiques, quantiques, lithothérapie, naturopathie, psychanalyse pour animaux, communication animale, homéopathie, etc.). Chaque humain est libre d’avoir des croyances personnelles. Cependant, l’utilisation de pseudos sciences est dangereuse pour la santé de nos compagnons, car elles retardent souvent un vrai diagnostic et la prise en charge de l’animal. Il est aussi important de savoir que la communication animale repose énormément sur de l’anthropomorphisme. On peut par exemple observer que de nombreux cavaliers préfèrent attribuer le mal-être de leur cheval à des croyances anthropomorphiques (Petit Tonnerre est triste d’avoir raté le dernier entraînement ou concours) plutôt que de remettre en question la façon dont l’animal est traité (confinement 23h sur 24 seul au box, méthodes de dressage pouvant induire du stress et de la douleur, etc. Lire mon article sur la banalisation de la maltraitance en équitation). Des biais cognitifs tels que le biais de confirmation (tendance à sélectionner uniquement les informations qui confirment nos croyances), l’effet Barnum (accepter une description vague comme s’appliquant spécifiquement à notre vie), ou l’effet placebo sont aussi largement observés dans la pratique des pseudos sciences.  
  • Il vous propose de faire un diagnostic à distance, sans jamais avoir vu l’animal et son environnement. Il est nécessaire de voir l’animal, de passer du temps à l’observer et d’avoir connaissance de son milieu de vie pour analyser correctement son comportement. Notons que les troubles du comportement les plus souvent rencontrés sont en majorité causés par un environnement non adapté aux besoins de l’animal. 
  • Absence de remise en question face à un argument scientifique en justifiant son expérience dans le métier.
  • Personnage plus charismatique que scientifique. 
  • Il essaye de vous vendre des gadgets ou autres solutions hors de prix, plutôt que de remettre en question l’environnement souvent non adapté aux besoins de l’animal. 
  • Il utilise des mots scientifiques sans en connaître réellement le sens ou en les sortant de leur contexte (neurosciences, psychologie animale, psychopathologie, etc.).   

Pour faciliter l’écriture de cet article, le métier de comportementaliste est genré au masculin. Il me semble cependant important de souligner qu’aujourd’hui, la majorité des spécialistes du bien-être animal sont des femmes ! En espérant que ces quelques conseils vous aideront à faire la différence entre les bons comportementalistes et les nombreux charlatans qui pullulent partout. Ces conseils sont aussi valables pour les éducateurs et autres métiers animaliers. 

Merci à Mathilde Guillon et Laure Bonati (vétérinaires comportementalistes et créatrices du podcast véthologie, que je vous recommande vivement d’aller écouter !) pour leurs précieux conseils lors de l’écriture de cet article. 

Rejoignez-moi sur Instagram si vous souhaitez en apprendre plus sur le comportement et le bien-être animal (@ethologuedesdinos). 

Delphine Debieu 


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